ACPIR : Les statistiques sur l’insolvabilité au Canada au deuxième trimestre de 2024

Les cas d’insolvabilité de consommateur, au plus haut en quatre ans, ont augmenté de 12,4 % sur 12 mois. Les cas d’insolvabilité d’entreprise ont bondi de 41,4 % sur 12 mois, ce qui marque une 10e augmentation consécutive à deux chiffres.
2 août 2024

TORONTO – 2 août 2024 – Les dernières statistiques trimestrielles sur l’insolvabilité au Canada montrent qu’au deuxième trimestre de 2024, 35 082 Canadiens ont déposé un dossier d’insolvabilité de consommateur, soit une augmentation de 12,4 % par rapport au même trimestre en 2023, d’après le Bureau du surintendant des faillites (BSF). L’Association canadienne des professionnels de l’insolvabilité et de la réorganisation (ACPIR) note que le nombre de cas d’insolvabilité de consommateur est au plus haut en quatre ans, signe des pressions financières croissantes que le coût élevé de la vie, les dépenses de service de la dette et les effets persistants d’une forte inflation font peser sur les ménages canadiens.

« Le nombre de cas d’insolvabilité de consommateur est au plus haut en plus de quatre ans, ce qui montre que beaucoup de Canadiens restent aux prises avec des difficultés importantes », déclare André Bolduc, syndic autorisé en insolvabilité et président du conseil d’administration de l’ACPIR, la voix nationale sur les questions d'insolvabilité au Canada. « Quand des personnes doivent consacrer une plus grande part de leur salaire à l’épicerie et à d’autres besoins fondamentaux, il leur reste moins pour faire face à d’autres obligations, comme les factures de cartes de crédit ou le service de la dette. Il en résulte souvent un non-respect des échéances de remboursement, un recours au crédit pour des dépenses quotidiennes, des appels de recouvrement, ainsi qu’un stress constant ou une perte de sommeil causés par des soucis financiers, autant de signes qu’il est temps de demander l’aide de professionnels en matière d’endettement. »

Au deuxième trimestre de cette année et en moyenne, environ 386 Canadiens ont déposé un dossier d’insolvabilité par jour, soit au total 35 082 insolvabilités de consommateurs sur le trimestre. Il faut remonter au quatrième trimestre de 2019, soit à avant la pandémie, pour trouver un volume de dépôts de dossiers dépassant les 35 000 en un seul trimestre.

« Si différents facteurs économiques influent sur le nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateur déposés, les débiteurs sont surtout sensibles à l’évolution des taux d’intérêt. Ces taux baissent, certes, mais il se passe un temps avant que cela se ressente sur le dépôt de dossiers d’insolvabilité. Nous nous attendons donc à ce que l’activité d’insolvabilité reste élevée, car les récentes réductions de taux mettront un temps à avoir un effet positif sur le portefeuille des Canadiens et sur le budget des ménages. »

Les insolvabilités de consommateurs ont augmenté de 3,5 % au deuxième trimestre de 2024 par rapport au premier trimestre. Sur la période de 12 mois se terminant le 30 juin 2024, elles ont augmenté de 16,5 %, passant de 112 694 au cours de la période de 12 mois se terminant le 30 juin 2023 à 131 251 au cours de la même période cette année.

« Déposer une proposition de consommateur ou déclarer faillite peuvent être des options viables pour les Canadiens très endettés, mais ces décisions ne doivent pas être prises à la légère. Plutôt que d’y voir un signe de défaite, il faut les considérer comme des outils financiers nécessaires. Le système d’insolvabilité canadien est conçu pour être un processus de réhabilitation, explique M. Bolduc. Un syndic autorisé en insolvabilité procède à une évaluation financière, vous présente toutes les options d’allégement de vos dettes et vous propose la meilleure marche à suivre. Si une proposition de consommateur ou une faillite se révèle être la bonne option, ce sont les seuls professionnels de l’endettement assujettis à une réglementation fédérale et autorisés à administrer ces outils d’allégement de la dette importants. »

Les syndics autorisés en insolvabilité sont légalement tenus de procéder à une évaluation complète de la situation financière de la personne et de lui expliquer en détail toutes les options d’allégement de dette existant. Ce sont aussi les seuls professionnels de l’endettement qui peuvent offrir une protection juridique contre les actions des créanciers et faire cesser les appels de recouvrement et les saisies-arrêts sur salaire.

Les consommateurs peuvent demander conseil à un syndic autorisé en insolvabilité sans aucune obligation. Les syndics autorisés en insolvabilité offrent généralement des consultations gratuites et il est possible d’en trouver dans tout le pays, même dans les régions éloignées. Pour trouver un syndic autorisé en insolvabilité réglementé par le gouvernement, consultez le site Web : www.cairp.ca/find-a-lit.html  

En demandant conseil à un syndic autorisé en insolvabilité dès que se posent des problèmes d’endettement, ajoute M. Bolduc, une personne peut éviter plus de stress et une aggravation de sa situation financière.

Au deuxième trimestre de  2024, l’Ontario est la province qui a enregistré la plus forte augmentation sur 12 mois, soit 18,3 %, le nombre de dépôts de dossiers d’insolvabilité de consommateurs y passant à 13 309. Viennent ensuite le Québec avec une augmentation de 17,6 %, ce qui donne 8 594 dépôts de dossiers, et l’Alberta avec une augmentation de 10 %, le nombre de dépôts de dossier passant à 4 900.

Augmentation de 41,1 % des insolvabilités d’entreprises sur 12 mois au deuxième trimestre, mais baisse de 23,1 % par rapport au premier trimestre

Au deuxième trimestre de 2024, 1 541 dossiers d’insolvabilité d’entreprise ont été déposés au Canada, soit une augmentation de 41,4 % par rapport au deuxième trimestre de l’an dernier. Le nombre trimestriel d’insolvabilités d’entreprises sur 12 mois ne cesse d’augmenter depuis deux ans maintenant et on en est à la 10e augmentation consécutive à deux chiffres depuis le premier trimestre de 2022.

Cependant, même si les insolvabilités d’entreprises continuent de beaucoup augmenter sur 12 mois, leur nombre d’un trimestre à l’autre diminue. En fait, il a baissé de 23,1 % au deuxième trimestre de 2024 par rapport au premier trimestre. Il reste toutefois supérieur de 58,2 % à ce qu’il était avant la pandémie, au deuxième trimestre de 2019.

« La baisse du nombre d’insolvabilités d’entreprises par rapport au dernier trimestre laisse supposer une stabilisation potentielle, peut-être due en partie au fait que les entreprises gèrent plus prudemment leurs finances pour respecter leurs obligations de remboursement de l’aide reçue pendant la pandémie. Cette baisse révèle peut-être aussi un optimisme prudent, les entreprises s’adaptant à l’évolution de la conjoncture économique, estime M. Bolduc. Néanmoins, malgré la baisse récente, les taux d’insolvabilité demeurent élevés et ils pourraient encore augmenter en raison en raison de l’instabilité continue. En général, les petites et moyennes entreprises sont particulièrement vulnérables à l’évolution des dépenses de consommation. Par conséquent, si les consommateurs sensibles aux prix dépensent moins, ces entreprises s’en ressentiront aussitôt. »

« Le recul de l’inflation et les réductions récentes des taux d’intérêt devraient permettre aux entreprises de souffler un peu. Il se peut, cependant, que ces changements n’interviennent pas assez vite pour alléger des coûts de service de la dette élevés et pour atténuer les problèmes de chaîne d’approvisionnement qui continuent de peser sur de nombreuses entreprises en difficulté », ajoute-t-il.

Selon M. Bolduc, certaines entreprises sont tellement endettées qu’elles parviennent tout juste à se maintenir à flot. Elles peinent à couvrir même les intérêts de leurs emprunts et, souvent, il suffirait d’un seul problème commercial de plus pour qu’elles s’effondrent. Souvent aussi, ces entreprises, couramment qualifiées de « zombies », atteignent à peine le seuil de rentabilité et il s’en faut de peu qu’elles ne ferment leurs portes. Bon nombre d’entre elles finissent par choisir d’abandonner la partie sans procéder à une liquidation officielle, renonçant ainsi aux conseils en matière d’endettement et aux options de restructuration potentielles qui pourraient les rendre de nouveau viables ou protéger les employés à qui elles doivent peut-être des salaires.

« Il peut être difficile pour bien des propriétaires d’entreprises, notamment de PME, de passer de la gestion courante d’une entreprise à la gestion des exigences d’une procédure de faillite ou de restructuration. Les compétences et le soutien d’un syndic autorisé en insolvabilité se révèlent être immensément importants dans ces transitions. Ils sont particulièrement qualifiés pour aider les propriétaires d’entreprise à envisager toutes les options viables en fonction de la situation particulière de l’entreprise, ainsi que de sa structure, de sa taille et de ses actifs », poursuit M. Bolduc.

M. Bolduc rappelle que les syndics agréés en insolvabilité sont les seuls professionnels de l’allégement de l’endettement qui sont légalement et éthiquement tenus de fournir des conseils précis et impartiaux et de garantir un équilibre entre les droits du débiteur et du créancier, tout en protégeant les employés.

Au cours de la période de 12 mois se terminant le 30 juin 2024, le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprise a augmenté de 56,5 % par rapport à la période de 12 mois précédente se terminant le 30 juin 2023.

Les secteurs qui ont enregistré la plus forte augmentation du nombre de dépôts de dossiers d’insolvabilité d’entreprise au deuxième trimestre de 2024 par rapport au deuxième trimestre de 2023 sont les suivants : la construction (+73); le transport et l’entreposage (+54); et les services administratifs et de soutien, ainsi que la gestion des déchets et les services de dépollution (+53). Le secteur de la construction représente à lui seul 15,1 % des dossiers d’insolvabilité déposés au deuxième trimestre de cette année. Par rapport au premier trimestre de 2024, c’est le secteur de l’hébergement et la restauration qui a enregistré de loin la plus forte baisse du nombre de dépôts de dossiers (-165).

PERSONNE-RESSOURCE

Angela Joyce
Relations avec les médias
Tél. : 1.403.681.9286
Courriel : aj@whiterabbitpr.com