Survivre au programme de qualification des syndics

par Loi sur la faillite et l'insolvabilité
14 mai 2015
[caption id=attachment_60 align=alignleft width=242] Mary Ann Marriott[/caption]J’ai fait mes débuts dans l’industrie de l’insolvabilité à l’époque où l’ordinateur IBM régnait en roi et maître avec son système d’exploitation DOS. Je me souviens d’avoir tapé nos formulaires en duplicata et – ô horreur! – d’avoir fumé à mon bureau. Rassurez-vous, il y a déjà longtemps que j’ai cessé de fumer. Toutefois, je n’ai jamais cessé de cultiver mon désir d’exceller dans le domaine de l’insolvabilité.Au bout d’environ huit ans, mon travail d’administratrice de dossiers commençait à me peser un peu. J’avais fait le tour du jardin et je n’avais alors aucune intention de devenir syndic. J’ai tenu le coup quelques années de plus, puis j’ai décidé de répondre à l’appel de l’entrepreneuriat et de mettre sur pied une entreprise à domicile.Ces années ont été très instructives. J’ai appris que l’exploitation d’une entreprise à domicile comporte son lot de défis. J’ai appris également qu’élever deux enfants dans ces conditions ajoute à la complexité de la tâche. Enfin, j’ai appris que même le plus grand enthousiasme ne génère pas nécessairement des revenus faramineux.Ainsi, quand mon ancien patron m’a invitée à prendre un café, j’ai accepté. Je savais bien qu’il m’offrirait un emploi, mais comme j’adorais ce que je faisais, je m’y suis rendue avec la ferme intention de refuser poliment. C’était il y a dix ans. Il a été très convaincant! J’ai commencé à travailler avec lui à peine quelques mois plus tard et je n’ai jamais regretté ma décision.L’industrie de l’insolvabilité ne me faisait plus le même effet qu’avant. Je n’étais plus la même personne et l’industrie avait connu des transformations, notamment lors de la modification des lois en 2009, suivie de bien d’autres changements dans les années suivantes. Peu après mon retour, j’ai décidé de ne pas faire les choses à moitié. Tant qu’à revenir au monde de l’insolvabilité, j’allais m’inscrire au programme de qualification et devenir syndic. C’était en 2006.Au printemps 2014, j’ai pleuré de joie en lisant la lettre du Bureau du surintendant des faillites m’annonçant que j’avais réussi l’examen oral devant jury et que j’étais désormais syndic de faillite. Je pleurais en partie parce que j’avais atteint mon but et parce que j’étais fière d’avoir tenu le coup. Mais surtout, je pleurais de soulagement parce que toutes ces heures d’étude m’avaient épuisée.Je parie que vous avez déjà fait le calcul dans votre tête : huit années d’étude! Mes deux enfants ont maintenant 10 et 12 ans. Permettez-moi de vous dire que SI LONGTEMPS après avoir quitté les bancs d’école, je n’aurais jamais imaginé retourner aux études, avoir deux enfants et travailler à temps plein. Je n’aurais jamais cru qu’il me faudrait tant d’années. Mais après avoir mis tant d’énergie, on ne peut pas tout abandonner; alors on donne encore un coup de collier. Je me faisais parfois l’impression d’une marathonienne épuisée qui progresse péniblement vers une ligne d’arrivée qui semble tellement éloignée. Et même si je n’en pouvais plus de lire la (LFI), même si je ne sais plus combien de fois j’ai pensé tout abandonner, une partie de moi a toujours cru qu’en mettant obstinément un pied devant l’autre, je finirais par traverser la ligne d’arrivée… ou par m’écrouler d’épuisement.Mes proches savent que je suis une éternelle optimiste. Je cherche toujours le bon côté des choses. Il me faut parfois plus de temps avant de voir clair et j’ai quelquefois besoin d’une petite tape d’encouragement, mais j’arrive généralement à voir la lumière. J’ai réalisé au fil du temps que j’apprenais énormément, simplement en lisant et relisant la LFI. Vous ai-je dit à quel point j’en ai marre de lire la LFI?Il était clair que je l’assimilais de plus en plus au fil des ans. Pensez-y, combien de fois par année, ou par décennie, lisez-vous la LFI d’un bout à l’autre? Ceux et celles d’entre vous qui ont déjà leur licence de syndic, quand avez-vous lu une portion importante de la LFI? Probablement jamais. Et si vous le faites, vous êtes un être d’exception, digne d’admiration, voire de vénération, que tous consultent au moindre doute.Voilà, j’avais trouvé : le côté positif de tout ce travail se manifestait clairement chaque fois qu’un collègue me posait une question. « Ouais, je commence vraiment à y voir clair, me disais-je de plus en plus souvent. Je devrais POUVOIR trouver la force de le faire encore une fois! Après tout, que je finisse ou non, j’en aurai tiré profit. » Alors, j’ai continué.Aurais-je poursuivi si j’avais essuyé un échec l’année dernière? Je n’en suis pas certaine, mais probablement que oui. J’étudiais de manière différente à la fin et j’aurais sans doute continué d’appliquer cette méthode jusqu’à la prochaine session d’examen. Qui sait ce qui serait arrivé? Heureusement, je n’ai pas eu à vivre ça.Si je tiens à raconter mon expérience, c’est pour offrir une lueur d’espoir à ceux qui ont entrepris le programme et qui se sentent frustrés de ne pas atteindre leur objectif aussi rapidement ou aussi facilement que prévu. À l’époque où je me suis inscrite, le programme durait cinq ans. Maintenant, c’est un programme de deux ans. Si vous y arrivez en deux ans, c’est extra! Acceptez nos sincères félicitations, accrochez fièrement votre licence au mur et, si vous faites vos premiers pas dans l’industrie de l’insolvabilité, continuez de lire la Loi et d’apprendre. Au fil des ans, vous y puiserez des trésors d’information. Et si vous en êtes encore à patauger péniblement dans le programme, peut-être que vous trouverez dans le présent blogue de quoi raviver votre flamme.Dans cet ordre d’idées, je me permets de présenter quelques suggestions à partir des choses que j’ai faites et qui m’ont apporté une aide inestimable au cours des dernières années. J’aimerais aussi inviter tous les lecteurs de ce blogue à partager leurs expériences afin que les personnes déjà engagées dans le programme, tout comme les nouveaux inscrits, puissent s’inspirer de nos succès et, surtout, de nos échecs, puisqu’en définitive, ce sont ces expériences qui ont pavé la voie à notre succès.Mes trois principaux conseils :
  • Trouvez-vous à un partenaire d’étude. La discussion est très utile pour clarifier les choses.
  • Lisez vos notes de cours à haute voix et enregistrez-vous. Les téléphones intelligents sont des outils extraordinaires à cet effet. J’ai enregistré plus de 30 heures de notes que je pouvais écouter dans la voiture ou sur la plage (je l’ai fait souvent un certain été) ou quand je n’en pouvais tout simplement plus de lire. Je faisais même jouer les concepts plus complexes durant mon sommeil. Soyez toutefois vigilants lorsque vous écoutez le son de votre propre voix en conduisant; il vaut mieux s’en tenir à des textes courts.
  • Tirez parti des ressources de votre bureau; si vous travaillez dans un petit bureau aux ressources limitées (ce qui était mon cas durant mes sept premières années d’étude), demandez de l’aide au sein de l’industrie. Trouvez-vous un mentor ou même deux. Vous serez surpris de voir combien de gens seront disposés à vous aider si vous leur en faites la demande.
Un dernier conseil : épousez une personne compréhensive. Bon d’accord, ce n’est pas vraiment un conseil, mais je tenais à souligner l’importance du soutien des proches et à remercier publiquement mon mari, Lance, qui m’a soutenue tout au long du programme. Il mérite une médaille. Il s’est occupé des enfants, de la cuisine et du ménage en plus de m’encourager lorsque ma foi vacillait. Je pense qu’il était aussi fatigué que moi des échecs et qu’il était encore plus heureux que moi lorsque j’ai finalement réussi!Je vous souhaite d’heureuses études, futurs syndics!Mary Ann Marriott, PAIR, est titulaire d’une licence de syndic. Elle travaille pour le cabinet Grant Thornton Ltd. au bureau de Bridgewater, en Nouvelle-Écosse. Désireuse de favoriser la réussite financière des autres, elle offre régulièrement des ateliers ainsi que des présentations et des articles sur le sujet dans les médias sociaux. Trouvez Mary Ann sur Twitter: @Dr_Debt_NS.