Conseils pour éviter les cinq principaux pièges financiers qui guettent les aînés

par Colleen E Craig, CA, FPAIR, SAI
21 novembre 2022

Les aînés représentent un pourcentage de plus en plus élevé des débiteurs en difficultés financières qui ont recours aux conseils d’un syndic autorisé.  Voici les cinq principaux pièges financiers qui guettent les aînés et des conseils pour les éviter.

Richesse immobilière – liquidité limitée : utiliser la valeur nette de sa propriété pour financer sa retraite

Les aînés ont souvent accumulé une valeur nette importante dans leur maison. Il peut être tentant de puiser dans ce capital pour aider ses proches, acheter une voiture, prendre des vacances, ou couvrir les dépenses courantes, particulièrement lorsque le coût de la vie augmente rapidement.  C’est encore plus vrai pour les aînés dont les rentes et autres revenus de retraite sont fixes ou, pire encore, vont en diminuant. Les aînés ont de plus en plus recours, grâce à leur maison, à la marge de crédit sur valeur domiciliaire et à d’autres instruments pour financer leur retraite.

En revanche, ils doivent savoir que les marges de crédit sur valeur domiciliaire et les prêts gagés sur un bien immobilier comportent des risques et des coûts. La plupart des prêts gagés sur un bien immobilier sont fondés sur des taux d’intérêt variables qui, comme nous l’avons vu récemment, sont susceptibles de changer. En outre, le prêteur a généralement le droit de réduire la limite de crédit disponible ou d’exiger le remboursement intégral du prêt en tout temps.

Les marges de crédit sur valeur domiciliaire ne requièrent généralement que le paiement des intérêts, ce qui signifie que le solde du capital reste le même. Mais la dette reste également liée à la maison de l’emprunteur.  Avant d’entreprendre cette démarche, il serait sage d’établir un plan précis sur la manière dont les fonds seront utilisés.  Pensez à un calendrier de remboursement qui ne se limite pas au paiement minimum des intérêts mensuels. 

Les aînés doivent comprendre qu’en fin de compte, si les prix des maisons diminuent alors que les coûts d’emprunt augmentent comme prévu, il arrivera un moment où les capitaux propres disponibles seront insuffisants pour maintenir les emprunts actuels ou pour financer une dette supplémentaire. Dans une telle situation, le propriétaire pourrait être contraint de vendre sa maison dans un marché immobilier peu favorable.

Les problèmes fiscaux

La plupart des aînés sont habitués à ce que leur employeur prélève l’impôt à payer sur leur salaire avant que celui-ci ne leur soit versé. Lorsqu’ils commencent à toucher leurs rentes, il arrive souvent que l’impôt retenu à la source soit insuffisant, surtout s’ils en touchent plus d’une. L’ajout du revenu de rente provenant du régime de l’employeur au revenu de la Sécurité de la vieillesse et aux prestations du Régime de pensions du Canada peut rapidement donner lieu à un impôt à payer si l’on n’est pas vigilant. Les impôts mensuels à payer peuvent rapidement s’accumuler et entraîner une dette fiscale ingérable.

De plus, à leur départ à la retraite, certains aînés encaissent des actifs de placements comme des REER, pour accroître leur revenu. Lors de l’encaissement d’un REER, un certain montant d’impôt est retenu à la source, mais cela est rarement suffisant si une personne reçoit des revenus imposables d’autres sources au cours de l’année d’imposition.

Pour remédier à ce problème, il est conseillé aux aînés de prévoir leur revenu pour une année donnée afin de pouvoir calculer le montant de l’impôt qui devrait être retenu par l’ARC ou par un employeur sur chaque paiement. Une solution consiste à appeler directement l’ARC et à demander à ce que des montants d’impôts supplémentaires soient retenus sur les versements mensuels de la Sécurité de la vieillesse et du Régime de pensions du Canada.

Le rôle de cosignataire et les dettes conjointes

Les aînés se font souvent demander par leurs enfants et petits-enfants de cosigner leurs dettes. Bon nombre d’entre eux ne comprennent pas les principes de base de ce type d’obligation (dite « conjointe et individuelle »). Le fait de cosigner une dette pour un membre de la famille signifie que chaque partie est responsable de la totalité du prêt, et pas seulement de la moitié. Le prêteur poursuivra le cosignataire (la personne se portant garante) afin de recouvrer le montant total de la dette si l’autre partie n’effectue pas ses paiements.

Pour les retraités vivant d’un revenu fixe, il peut être très difficile de gérer ne serait-ce que l’obligation de paiement minimum sur un solde de dette important s’ils étaient soudainement tenus de le faire en raison d’un défaut de paiement de l’emprunteur principal.

Avant d’accepter de cosigner la dette d’une autre personne, les aînés devraient passer en revue leur budget mensuel. Dans le cas où il serait impossible d’effectuer un paiement, ils doivent simplement refuser de cosigner. Si un membre de la famille ne peut pas remplir les conditions requises pour obtenir un prêt sans avoir recours à un cosignataire, cette personne ne devrait pas contracter d’emprunt.

Les besoins financiers multigénérationnels

De nos jours, un grand nombre d’aînés sont entourés de multiples générations. Leurs enfants adultes reviennent à la maison ou leur demandent de financer les études de leurs petits-enfants. Certains retraités doivent également prendre soin de leurs parents qui sont soit dans des établissements de soins ou à leur propre domicile. Cela représente quatre générations financées par des revenus fixes. Les besoins financiers multigénérationnels vont souvent bien au-delà de ce que la plupart des aînés peuvent couvrir.

Une bonne solution consiste à préparer un budget détaillé de leurs propres dépenses.  Ils peuvent ainsi déterminer s’il y a un surplus qui peut être utilisé afin d’aider leurs proches sans entraîner de difficultés financières. Cette initiative permet de séparer la famille et les émotions des finances.

Les frais médicaux imprévus

Les frais médicaux et dentaires sont souvent plus élevés à la retraite. Les aînés ne bénéficient pas tous d’un régime d’assurance maladie complémentaire qui reste en vigueur jusqu’à la retraite. Bon nombre d’entre eux ne peuvent compter que sur leur régime d’assurance maladie provincial. Par contre, ce ne sont pas toutes les dépenses qui sont couvertes par les régimes provinciaux ou l’assurance maladie privée.

La bonne solution consiste à planifier, avant la retraite, la constitution d’un fonds pour les frais médicaux prévus et de se renseigner sur les programmes d’aide provinciaux. 

Certaines options d’assurance maladie privée sont accessibles aux personnes qui peuvent payer les primes mensuelles sans ruiner leur budget. Discutez avec plusieurs spécialistes en assurance et comparez les options de couverture. Assurez-vous de bien comprendre les coûts qui ne sont pas couverts par les programmes d’assurance. 

Il peut être ardu de se préparer pour l’avenir, surtout en période de difficultés financières. Même une planification très rigoureuse peut s’avérer insuffisante pour faire face à l’augmentation des coûts et aux imprévus. Il est courant chez les aînés de ressentir de la culpabilité ou de la honte lorsqu’ils sont incapables de rembourser leurs dettes; par conséquent, ils ont tendance à ne pas en parler à leurs proches. 

Les aînés peuvent s’adresser à un syndic autorisé en insolvabilité de leur région pour obtenir de l’aide afin de résoudre leurs problèmes d’endettement, et, ainsi, profiter d’une retraite bien méritée.

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