Depuis le début de 2025, les entreprises canadiennes, petites et grandes, doivent relever des défis de taille à cause de tensions commerciales croissantes avec les États-Unis. Les annonces qui ne cessent de changer mettent les nerfs à rude épreuve et nous amènent tous à nous demander quelles mesures prendre pour nous protéger et protéger nos entreprises en période d’incertitude.
Utiliser les programmes de soutien du gouvernement
Le gouvernement canadien a pris dernièrement des mesures pour soutenir les entreprises canadiennes touchées par les droits de douane américains. Un programme d’assistance financière de plus de 6,5 milliards de dollars vient d’être annoncé pour les aider à diversifier leurs marchés d’exportation et à amortir les pertes. Comme il a été mentionné pour l’instant, mais pas encore annoncé par le gouvernement, cette aide comprend des prêts à faible intérêt et une assistance pour trouver de nouveaux marchés étrangers afin de moins dépendre des États-Unis.
Résumé de l’aide au 7 mars 2025
- Promesse de 5 milliards de dollars pour les exportateurs sur deux ans
- 1 milliard de dollars pour l’agriculture et l’industrie alimentaire
- 500 millions de dollars réservés à des prêts à faible intérêt
- Modification des règles de l’assurance-emploi (AE) pour éviter les licenciements
De plus, la Banque de développement du Canada (la BDC est une société d’État qui appartient entièrement à l’État canadien et qui a pour mandat d’aider les entrepreneurs et les petites et moyennes entreprises canadiennes en leur proposant un financement, des capitaux et des services consultatifs) offre des ressources pour aider les entreprises à faire face à l’incertitude liée aux droits de douane. Elle propose notamment des conseils éclairés, des solutions de financement souples et des outils pour renforcer la résilience.
Parler avec des syndics autorisés en insolvabilité (SAI)
En cas de difficultés financières, les conseils d’un professionnel s’imposent. Les syndics autorisés en insolvabilité (SAI) offrent des conseils éclairés sur les options en matière de gestion des dettes et d’insolvabilité. En tant que SAI, nous pouvons aider les entreprises à restructurer leurs dettes, à négocier avec leurs créanciers et à envisager d’autres solutions que la faillite, comme les propositions aux créanciers. Un SAI peut aider à définir une stratégie de redressement financier et aider les entreprises canadiennes à poursuivre leurs activités pendant des périodes difficiles.
Adopter la prudence financière
Que peuvent faire les entreprises et les particuliers maintenant pour se préparer à ce qui peut se révéler être plus d’incertitude continue? Commencez par un examen critique de votre situation financière et de vos risques et vulnérabilités potentiels à l’heure actuelle. Étudier et appliquer des stratégies comme réduire les dépenses, améliorer la gestion de la trésorerie et renégocier les modalités avec les fournisseurs peuvent accroître les liquidités.
Des évaluations financières régulières et une budgétisation prudente permettent aux entreprises (et aux particuliers) de s’adapter rapidement à l'évolution de la conjoncture économique. Le principe fondamental qui consiste à dépenser moins que ce que l’on gagne est essentiel pour toute entité saine et financièrement stable, qu’il s'agisse d’une entreprise ou d’un particulier. Si l’on ne met pas d’argent de côté à la fin du mois, il devient difficile d’épargner et d’investir dans l’avenir, ou de planifier financièrement en prévision des mauvais jours. Il est crucial, pour bien gérer la trésorerie, de mettre en place un système de suivi des revenus et des dépenses.
Diversifier les chaînes d’approvisionnement et les marchés
Afin d’atténuer l’impact des droits de douane américains, les entreprises canadiennes cherchent d’autres fournisseurs et de nouveaux marchés. Le programme d’aide du gouvernement fédéral comprend un soutien aux entreprises pour qu’elles diversifient leurs marchés d’exportation et dépendent donc moins des États-Unis. Diversifier prend effectivement du temps, mais les droits de douane pourraient se faire sentir longtemps. N’allez pas croire que ces droits ou le climat politique négatif changent de sitôt. Il s’agit peut-être de la nouvelle norme au Canada et, pour survivre durablement, toutes les entreprises devront peut-être se tourner vers des marchés qu’elles n’ont pas eu à envisager dans le passé.
Adopter le nationalisme économique
Un mouvement croissant encourage les Canadiens à soutenir les produits et services nationaux. Non seulement l’idée d’« acheter canadien » stimule la fierté nationale, mais elle donne aussi l’occasion de renforcer les liens avec les entreprises locales. Les petites entreprises peuvent tirer parti de cette tendance en mettant en avant leurs produits fabriqués au Canada et en insistant sur l’approvisionnement local dans leur marketing. Par exemple, les Moosehead Breweries ont créé un « Presidential Pack » de 1 461 canettes de leur lager canadienne qui, symboliquement, représente une bière par jour de mandat présidentiel américain et fait ainsi écho au patriotisme des consommateurs. Les Moosehead Breweries n’ont d’abord produit que cinq Presidential Packs vendus chacun 3 490 $ plus taxes et dépôt. Le premier est parti en moins de 11 minutes et les cinq étaient vendus en moins de 24 heures. L’entreprise en a produit cinq autres qui ont tous trouvé acquéreur aussi.
Innover et s’adapter
Les périodes difficiles stimulent souvent l’innovation. Les entreprises peuvent étudier de nouvelles gammes de produits, adopter des technologies numériques ou faire en sorte de répondre à de nouvelles demandes. Ainsi, en Colombie-Britannique, la Tinhouse Brewing Company a modifié sa chaîne d’approvisionnement en achetant plus de céréales canadiennes et en optant pour des canettes chinoises plutôt qu’américaines, montrant ainsi son adaptabilité face aux droits de douane.
Étude de cas : Province of Canada
La marque de vêtements Province of Canada (le nom de cette entreprise de vêtements canadienne devrait dérouter les gouvernants à Washington... au moins certains d’entre eux) a vu ses ventes augmenter, les consommateurs cherchant de plus en plus des produits de fabrication locale dans ce climat de tensions autour des droits de douane. Sa cofondatrice, Julie Brown, déclarait récemment aux nouvelles que les ventes de l’entreprise ont doublé en février, ce qui l’a amenée à envisager de recruter plus de personnel et d’élargir ses activités de création de produits. Cependant, l’entreprise fait aussi face à des défis, car une partie de son coton vient des États-Unis, d’où des craintes de ruptures de chaîne d’approvisionnement. Ce scénario montre bien la double incidence des droits de douane qui offrent des possibilités de croissance, tout en nécessitant des ajustements stratégiques.
En conclusion, bien que les turbulences actuelles liées aux droits de douane entraînent des difficultés importantes, les entreprises canadiennes disposent de plusieurs stratégies pour traverser cette période d’incertitude. En tirant parti des aides publiques, en sollicitant les conseils financiers de professionnels, en faisant preuve de prudence financière, en diversifiant les marchés, en adoptant le localisme et en encourageant l’innovation, elles peuvent non seulement survivre, mais aussi se préparer en vue d’une croissance future.