Refinancement d’une hypothèque : ce qu’il faut garder à l’esprit

par Brandon Smith, SAI, PAIR
25 mai 2023

Selon l’Association des banquiers canadiens, les propriétaires canadiens avaient en décembre 2020 un avoir net représentant en moyenne 73 % de la valeur de leur habitation. Cette statistique est sans doute largement attribuable aux gens d’un certain âge dont la propriété a pris beaucoup de valeur par suite de la croissance fulgurante du marché immobilier enregistrée au cours des dernières années. Aujourd’hui, les marchés sont plus stables et le prix des maisons a peut-être légèrement reculé par rapport au sommet atteint en milieu de pandémie, mais la valeur nette de la plupart des propriétés est quand même en hausse.

Parallèlement, l’inflation a entraîné une augmentation des dettes non garanties de bien des gens au pays. Selon CTV News, la dette non hypothécaire a progressé de 5,4 % au quatrième trimestre de 2022 comparativement au trimestre correspondant de 2021. En tant que syndic autorisé en insolvabilité (SAI), je rencontre des gens qui vivent toutes sortes de situations financières. Dans le cas des plus chanceux, la valeur nette de leur maison est assez élevée pour qu’ils puissent absorber une augmentation des paiements hypothécaires. Ils peuvent refinancer leur hypothèque pour restructurer leurs dettes non garanties et réduire ainsi leurs frais d’intérêt globaux.

Dans le blogue intitulé L’ABC de l’hypothèque que j’ai rédigé l’an dernier, j’ai parlé des principales modalités d’un prêt hypothécaire. Je mentionnais notamment qu’en dépit de la période d’amortissement moyenne de 25 ans, il faut renouveler les hypothèques au bout d’un certain temps à un taux d’intérêt fixé par le prêteur.

Or, les taux d’intérêt ont monté en flèche. Le taux cible du financement à un jour établi par la Banque du Canada, qui était de 0,5 % en mars 2022, se maintient à 4,5 % depuis janvier 2023. Un choc brutal attend ceux qui devront bientôt renouveler leur hypothèque. Le 1er mai dernier, une des grandes banques à charte du Canada proposait à ses clients des taux se situant entre 5,22 % et 6,07 % pour un renouvellement et majorés pour une hypothèque à court terme. Les taux d’intérêt pour les prêts hypothécaires demeurent cependant parmi les plus faibles en matière de crédit aux particuliers. Le deuxième mécanisme présentant le plus d’avantages à cet égard est la marge de crédit hypothécaire, où un propriétaire peut emprunter jusqu’à 80 % de la valeur nette de sa maison sans modifier les modalités de l’hypothèque en place. C’est tout un contraste par rapport aux taux d’intérêt de 20 à 30 % pratiqués par les compagnies de cartes de crédit.

Nous vous suggérons ci-après quelques questions à vous poser si vous devez renouveler votre hypothèque ou si vous voulez avoir accès à la valeur nette de votre maison pour consolider une dette non garantie ou financer une dépense importante.

  1. Le moment est-il venu de renouveler votre hypothèque ou reste-t-il encore un peu de temps avant qu’elle arrive à échéance? Si vous négociez un renouvellement alors que l’hypothèque est encore en vigueur, le prêteur pourrait vous imposer une pénalité ou augmenter le taux d’intérêt, si c’est encore possible. Si vous voulez tirer parti de la valeur nette de votre maison pour consolider une dette non garantie, envisagez de demander une marge de crédit hypothécaire. Assurez-vous de bien faire vos calculs, car ce type d’instrument pourrait porter intérêt à un taux plus élevé que le prêt hypothécaire traditionnel.
  2. Si le moment est venu de renouveler votre hypothèque, pouvez-vous en renégocier les modalités avec le prêter afin d’avoir accès à une valeur nette plus élevée que vous pourrez utiliser pour consolider vos dettes non garanties portant intérêt à un taux plus élevé?
  3. Compte tenu de votre revenu, pouvez-vous supporter la pression associée à un emprunt portant intérêt à un taux plus élevé?
  4. Si vous étiez déjà fortement endetté avant que les taux montent en flèche, pouvez-vous encore effectuer vos paiements hypothécaires
  5. Avez-vous une marge de manœuvre dans votre budget pour faire face aux hausses de taux hypothécaires? La logique que j’ai expliquée dans mon blogue précédent s’applique ici : en période d’incertitude, un prêt hypothécaire à taux variable peut vous réserver de mauvaises surprises.
  6. À la fin de la durée de votre prêt hypothécaire, vous n’avez pas à rester avec la même institution financière. En faisant affaire avec la même banque, vous pouvez gagner du temps lors du renouvellement, car votre banque a toute l’information pertinente vous concernant. Toutefois, elle sera aussi moins portée à vous offrir un taux d’intérêt concurrentiel. Vous pourrez peut-être obtenir un taux légèrement inférieur ailleurs, mais sachez qu’il y aura sûrement des frais de fermeture à payer, par exemple les honoraires d’un professionnel (p. ex., un notaire ou un avocat) pour vous libérer du prêt contracté avec la Banque A et le remplacer par celui consenti par la Banque B, car la Banque B versera de l’argent à la Banque A pour rembourser le solde de l’hypothèque.

Un courtier hypothécaire peut explorer tout le marché des institutions prêteuses et toucher une commission versée par celle qui aura été retenue. Si vous faites affaire avec un courtier en qui vous avez confiance, vous n’avez rien à perdre et vous pourriez obtenir une offre que même les emprunteurs les plus solvables ne connaissent pas.

Si vous refinancez fréquemment votre hypothèque pour payer des dettes non garanties que vous avez accumulées, si vous avez épuisé la valeur nette de votre maison ou encore, si vous peinez à faire vos paiements, il pourrait s’agir de signaux d’alarme vous indiquant qu’il serait sage de communiquer avec un SAI pour discuter de la meilleure façon de gérer votre situation financière.

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