Rétrospective de l’année : statistiques sur l’insolvabilité au Canada pour 2019

L’année 2019 arrive au deuxième rang pour le plus grand nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs déposés au cours d’une année au Canada
11 février 2020

TORONTO, le 10 février 2020 – Les statistiques sur l’insolvabilité publiées aujourd’hui pour le quatrième trimestre de 2019 montrent clairement que le taux d’insolvabilité des consommateurs a augmenté à un rythme accéléré au pays. Environ 375 Canadiens ont déclaré faillite ou déposé une proposition de consommateur chaque jour en 2019, soit un total de 137 178 Canadiens. L’année 2019 arrive ainsi au deuxième rang pour le plus grand nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs déposés au cours d’une année au pays. Leur nombre s’est accru de 9,5 % en 2019, comparativement à l’année précédente. Il s’agit du taux d’augmentation le plus élevé depuis 2009.

« Le nombre élevé de Canadiens en difficulté financière est alarmant, mais la hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs et l’augmentation accélérée du taux d’insolvabilité des consommateurs sont un symptôme d’un problème plus grave encore : bon nombre de consommateurs très lourdement endettés n’ont aucun moyen de s’en sortir », explique André Bolduc, membre du conseil d’administration de l’Association canadienne des professionnels de l’insolvabilité et de la réorganisation (ACPIR).

L’ACPIR s’attend à ce que le nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs continue d’augmenter en 2020, car de nombreux Canadiens partout au pays sont aux prises avec une dette impossible à gérer. Les difficultés financières sont particulièrement marquées dans certaines provinces. En 2019, l’augmentation du nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs a été supérieure à 10 % dans plusieurs provinces : l’Ontario est la plus durement touchée (+15,4 %), suivie de Terre-Neuve-et-Labrador (+15 %), de l’Alberta (+14,6 %), du Manitoba (+11,4 %) et de la Colombie-Britannique (+10,34 %). La hausse a été plus modérée dans trois provinces, soit le Québec (+2,7 %), l’Île-du-Prince-Édouard (+2,5 %) et la Saskatchewan (+1,6 %).

« La hausse des taux d’intérêt enregistrée entre 2016 et 2018 se fait encore sentir et est en partie à l’origine de l’augmentation du nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs. On sait qu’il y a un décalage de deux ou trois ans entre une hausse des taux d’intérêt et une augmentation du nombre de dossiers d’insolvabilité ajoute M. Bolduc. Ce décalage s’explique entre autres par le fait que bien des gens se débattent avec leurs dettes pendant des années avant de demander l’aide d’un spécialiste des finances. C’est en partie parce que de nombreux ménages refusent de voir l’ampleur de leurs dettes jusqu’à ce qu’ils soient acculés au pied du mur, par exemple en raison d’une dépense imprévue ou du renouvellement de leur hypothèque. »

D’après André Bolduc, il y a une bonne nouvelle : de nombreux Canadiens semblent commencer à prendre conscience des risques que présente un lourd endettement et à réduire leurs dépenses.

Le ratio de la dette au revenu des ménages a légèrement augmenté au troisième trimestre de 2019 pour s’établir à 175,86. Toutefois, il demeure inférieur au record de 177,82 atteint en 2018 et se situe à peu près au même niveau qu’au troisième trimestre de 2016. D’après le dernier rapport de Statistique Canada, les Canadiens ont réduit leurs dépenses de consommation de 1,2 % au cours des 12 derniers mois.

« Si les dépenses de consommation continuent de diminuer, le taux d’insolvabilité des consommateurs devrait augmenter plus lentement, explique M. Bolduc. En revanche, une modération des dépenses de consommation peut accentuer la hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises, alors que les entreprises canadiennes feront face à un ralentissement de la croissance de leur chiffre d’affaires et à une augmentation de leur niveau d’endettement. »

 

 

Le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises en 2019 est en hausse pour la première fois depuis 2001

Le nombre de dossiers d’insolvabilité dans le secteur de l’extraction minière, pétrolière et gazière a augmenté de 75 % par rapport à 2018

La hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises est également inquiétante. L’augmentation de 9,7 % enregistrée au quatrième trimestre de 2019 par rapport au trimestre précédent est un élément important dans l’augmentation globale de 2,84 % pour l’année et la première hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises enregistrée depuis 2001 au Canada.

Certaines provinces ont été frappées plus durement que d’autres, en particulier le Manitoba (+39,3 %) et la Colombie-Britannique (+23,3 %). Dans les provinces de l’Atlantique, le nombre total de dossiers d’insolvabilité d’entreprises a augmenté de 38 %. L’Ontario, en revanche, est allée à l’encontre de la tendance nationale en affichant une baisse de 3,7 %.

Le secteur de l’extraction minière, pétrolière et gazière a connu la hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises la plus marquée, à hauteur de 75 %. D’autres secteurs ont aussi enregistré une augmentation supérieure à 10 % : industrie de l’information et industrie culturelle (+27 %), commerce de détail (+21,7 %), services professionnels, scientifiques et techniques (+14,5 %), fabrication (+13,8 %), services d’enseignement (+13,8 %) et services de gestion des déchets et d’assainissement (+11,5 %). Sur une note plus positive, le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises a diminué d’une année à l’autre, quoique légèrement, dans les secteurs du commerce de détail (-6,1 %), de l’hébergement et des services de restauration (-5,8 %), de la construction (-5,4 %) ainsi que du transport et de l’entreposage (-4,8 %).

« Après une vingtaine d’années où le nombre de dossier d’insolvabilité d’entreprises a constamment diminué d’une année à l’autre, nous observons une tendance à la hausse qui se poursuivra probablement au cours de l’année qui vient, voire plus longtemps, explique David Lewis, membre du conseil d’administration de l’ACPIR et spécialiste des dossiers d’insolvabilité d’entreprises établi en Alberta. Ces augmentations témoignent des difficultés auxquelles font face diverses industries au Canada. »

Une modération des dépenses de consommation peut accentuer la hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises, alors que les entreprises canadiennes feront face à un ralentissement de la croissance de leur chiffre d’affaires et à une augmentation de leur niveau d’endettement. Dans cette optique, l’ACPIR prévoit que le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises continuera d’augmenter lentement en 2020.

« Les entreprises peuvent commencer à atténuer les pressions financières qu’elles subissent en réduisant leurs dépenses discrétionnaires et leurs investissements en capital, ajoute M. Lewis. Pour certaines d’entre elles, il s’agira notamment de réduire les coûts salariaux, ce qui, au bout du compte, fera aussi augmenter le taux d’insolvabilité des consommateurs. »