Les dossiers d’insolvabilité d’entreprises au Canada amorcent une tendance à la hausse pour la première fois en près de 20 ans et l’augmentation du taux d’insolvabilité des consommateurs s’accélère

18 novembre 2019

Les dossiers d’insolvabilité d’entreprises au Canada amorcent une tendance à la hausse pour la première fois en près de 20 ans et l’augmentation du taux d’insolvabilité des consommateurs s’accélère

TORONTO, le 8 novembre 2019 – Selon les nouvelles données publiées par le Bureau du surintendant des faillites (BSF), le ralentissement de l’économie canadienne a entraîné une augmentation d’une année à l’autre du nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises pour la première fois en près de 20 ans. Le nombre d’entreprises ayant déposé un dossier d’insolvabilité au cours de la période de 12 mois qui a pris fin en septembre 2019 était en hausse de 4,1 % par rapport à celle terminée en septembre 2018.

« Les chiffres témoignent d’une période difficile pour certaines entreprises canadiennes, affirme David Lewis, membre du conseil d’administration de l’Association canadienne des professionnels de l’insolvabilité et de la réorganisation (ACPIR), organisme national regroupant des professionnels qui travaillent dans le domaine. Après une vingtaine d’années où le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises a constamment diminué d’une année à l’autre, nous observons une tendance à la hausse qui se poursuivra probablement au cours de l’année qui vient, voire plus longtemps. »

Le secteur de l’extraction minière, pétrolière et gazière ainsi que l’industrie de l’information et l’industrie culturelle sont en grande partie à l’origine de la hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises enregistrée entre septembre 2018 et septembre 2019. Le nombre de dossiers déposés par des entreprises dans ces deux secteurs a augmenté de plus de 40 %. Par ailleurs, les secteurs de la finance et des assurances (+27,6 %), des services professionnels, scientifiques et techniques (+20,6 %) ainsi que des services immobiliers et des services de location et de location à bail (+14,7 %) ont également connu d’importantes difficultés. Quelques autres secteurs, par exemple ceux du commerce de détail (-5,8 %) ainsi que du transport et de l’entreposage (-4,9 %), ont affiché une modeste diminution du nombre de dossiers déposés.

« Les données montrent que toutes sortes d’entreprises partout au pays sont mises à rude épreuve en raison du climat économique actuel, ajoute M. Lewis. Les entreprises des régions productrices d’énergie ne sont pas les seules à éprouver des difficultés. »

Le nombre de dossiers d’insolvabilité déposés par des entreprises au cours de la période de 12 mois ayant pris fin en septembre 2019 s’est accru d’au moins 10 % en septembre 2019 par rapport à septembre 2018 en Alberta (+9,9 %), en Colombie-Britannique (+23,4 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (+70,8 %). La hausse a été plus modérée en Ontario (+4,1 %) et au Québec (+2,6 %), mais les dossiers déposés dans ces deux provinces représentent 83 % des dossiers d’insolvabilité déposés par des entreprises au Canada au cours des 12 mois précédents. La Saskatchewan (-14,9 %) est la seule province à afficher une baisse du nombre de dossiers au cours de la période de 12 mois ayant pris fin en septembre 2019, mais elle a enregistré une hausse de 14,9 % au cours du dernier trimestre par rapport au trimestre correspondant de 2018.

« Les incertitudes qui planent dans l’ensemble de l’économie mondiale expliquent en partie cette hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité, souligne David Lewis. Au Canada, les difficultés attribuables aux taux d’intérêt en hausse et l’endettement élevé des ménages, qui est en partie responsable du ralentissement des dépenses, ont également joué un rôle. Pour bien des entreprises, le dépôt d’un dossier d’insolvabilité est un moyen efficace de faire face à une stagnation de la croissance et à une dette qu’elles ne peuvent rembourser. Si l’économie ne reprend pas sa vigueur, le taux de chômage pourrait grimper au Canada pendant l’année qui vient. Le cas échéant, l’augmentation du nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs pourrait s’accélérer au pays. »

Le nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs continue d’augmenter et cette hausse s’accélère

Le nombre de dossiers d’insolvabilité déposés par des consommateurs (faillites et propositions) au cours de la période de 12 mois ayant pris fin en septembre 2019 a augmenté de 8,5 % comparativement à celle terminée en septembre 2018. Les dernières données montrent aussi que cette hausse s’accélère.

L’augmentation par rapport à 2018 est particulièrement prononcée à Terre-Neuve-et-Labrador (+14,8 %), en Alberta (+15,2 %), au Manitoba (+13,1 %), en Ontario (+13,4 %) et en Colombie-Britannique (+9,5 %). Elle est plus modérée au Québec (+1,8 %), en Nouvelle-Écosse (+6,2 %), à l’Île-du-Prince-Édouard (+3,2 %) et en Saskatchewan (+1,6 %).

« On observe une forte corrélation entre les variations des taux d’intérêt et le nombre de dossiers d’insolvabilité déposés par des consommateurs, mais il y a un décalage de deux ou trois ans entre une augmentation des taux d’intérêt et une hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité, précise André Bolduc, membre du conseil d’administration de l’ACPIR. L’augmentation soutenue du coût de la vie et des coûts du service de la dette a créé un environnement où un nombre accru de consommateurs peinent à rembourser leurs dettes. »

L’une des principales causes des faillites personnelles est un taux d’endettement élevé des consommateurs jumelé à un aléa de la vie, par exemple la perte d’un emploi, des problèmes de santé, une dépense majeure, un divorce ou le décès du conjoint. Dans le cas des Canadiens déjà lourdement endettés, toute augmentation imprévue des dépenses mensuelles, y compris les intérêts à payer, peut aussi être en cause.

« La bulle du crédit est certainement près d’éclater pour de nombreux ménages supplémentaires, ajoute M. Bolduc. Nous nous attendons à ce que l’augmentation du nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs se poursuive, voire qu’elle s’accélère au cours des prochaines années. »

À PROPOS DE L’ACPIR

L’Association canadienne des professionnels de l’insolvabilité et de la réorganisation (ACPIR) est l’organisme professionnel national qui représente près de 1 500 membres et associés. Ses membres détiennent la désignation de PAIR et la plupart d’entre eux sont des syndics autorisés en insolvabilité (SAI) offrant des services dans le domaine de l’insolvabilité et de la réorganisation aux consommateurs et aux entreprises en difficulté financière. L’ACPIR est un porte-parole national dans le domaine de l’insolvabilité partout au Canada