ACPIR : Statistiques sur l’insolvabilité au Canada pour le premier trimestre de 2022

Hausse de 33,8 % des dossiers d’insolvabilité d’entreprises, en glissement annuel, au T1
12 mai 2022

TORONTO – Le 12 mai 2022 – Le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises au Canada a augmenté de 33,8 % au premier trimestre de 2022 par rapport au même trimestre l’an dernier, la plus forte hausse en glissement annuel en 31 ans. L’Association canadienne des professionnels de l’insolvabilité et de la réorganisation (ACPIR) attribue ce bond essentiellement à la pandémie de COVID-19 et souligne que le nombre de dossiers d’insolvabilité pourrait croître encore sous l’effet des pressions inflationnistes et du relèvement des taux d’intérêt.  

« Le nombre d’entreprises qui déclarent faillite ou déposent une proposition augmente, et la situation risque d’empirer en raison du stress causé par l’inflation et à mesure que les failles commenceront à apparaître après le retrait de l’aide gouvernementale liée à la pandémie », affirme Jean-Daniel Breton, président de l’ACPIR, la voix nationale sur les questions d’insolvabilité au Canada. « Les mesures de soutien, conjuguées au degré élevé de patience manifestée par les créanciers, ont empêché une première montée en flèche des dossiers d’insolvabilité d’entreprises. Toutefois, le renversement de la tendance récente marquée par un recul du nombre de dossiers d’insolvabilité, observée ces deux dernières années, met en évidence les dommages économiques causés par la pandémie », explique M. Breton.

Au premier trimestre de cette année, 807 procédures d’insolvabilité ont été déposées par des entreprises en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, soit un taux en hausse de 10,1 % par rapport au trimestre précédent et qui se rapproche des niveaux enregistrés au début de la pandémie, au premier trimestre de 2020. Pour la période de 12 mois s’étant terminée le 31 mars 2022, le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises est supérieur de 7,1 % à celui affiché pour la période de 12 mois terminée le 31 mars 2021.  

« L’inflation a maintenant atteint son plus haut niveau en 30 ans et la Banque du Canada, cherchant à rectifier le tir, a procédé à plusieurs hausses de taux d’intérêt cette année, si bien qu’il ne faudrait pas s’étonner de voir le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises s’accroître davantage », déclare M. Breton.

À un moment où bon nombre d’entreprises essaient de se remettre sur pied, voilà que des ruptures de chaînes d’approvisionnement et l’augmentation des coûts de tous les produits, du carburant aux matières premières, ajoutent à leurs difficultés. Qui plus est, au vu des taux d’intérêt à la hausse, avoir des dettes coûtera plus cher, ce qui exposera un plus grand nombre d’entreprises fragilisées au risque d’insolvabilité.

« L’établissement du budget n’a jamais été aussi difficile pour les entreprises canadiennes. Elles doivent continuer de payer de nombreux coûts fixes comme le loyer et les versements d’intérêt, alors que les flux de trésorerie destinés à faire face à ces obligations ont diminué. Bien qu’il n’y ait pas de « bonne façon » de composer avec toutes les variables et l’incertitude, les propriétaires devraient se tourner vers des professionnels pour obtenir des conseils sur la manière de mettre en œuvre de nouvelles stratégies ou de restructure leurs dettes », soutient M. Breton.

Les syndics autorisés en insolvabilité aident les entreprises à bénéficier d’un maximum de chances de poursuivre leur exploitation et mettent leurs connaissances spécialisées à leur service afin de faciliter les réorganisations et les arrangements. Forts de plusieurs années de formation, de compétences solides en comptabilité et d’une vaste connaissance des lois en vigueur, ils sont tout particulièrement bien qualifiés pour aider les entreprises à se restructurer ou à se réhabiliter.

« Les propriétaires de petites entreprises négligent souvent les mesures officielles qui peuvent être prises pour liquider l’entreprise. Se contenter de fermer les portes au lieu de demander conseil auprès d’un syndic autorisé en insolvabilité élimine toute possibilité de restructurer l’entreprise en continuité d’exploitation ou, si cela n’est pas possible, d’optimiser le recouvrement pour les créanciers et les employés », explique M. Breton.

Selon lui, les entreprises des secteurs touchés par les fluctuations des coûts et les problèmes de chaîne d’approvisionnement, ainsi que les gros consommateurs d’énergie, sont les plus vulnérables dans le contexte actuel. Les toutes dernières données sur l’insolvabilité ont révélé que les secteurs ayant enregistré la plus forte hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité pour la période de 12 mois terminée le 31 mars 2022 par rapport à la période précédente sont ceux de la construction, du transport et de l’entreposage. Les reculs les plus marqués ont été observés dans le secteur des ventes au détail et celui de l’immobilier et de la location/crédit-bail.

Le nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs est en légère hausse par rapport au trimestre précédent, mais des bonds plus importants sont à prévoir

Au total, 23 153 procédures d’insolvabilité ont été entamées par des particuliers au premier trimestre, soit une hausse de 4 % comparativement au trimestre précédent, mais un recul de 2,8 % par rapport au même trimestre l’an dernier. Le taux d’insolvabilité demeure inférieur de 30,3 % à celui enregistré pour le même trimestre en 2020, et inférieur de 28,2 % à celui de 2019.

Le vice-président du conseil d’administration de l’ACPIR et syndic autorisé en insolvabilité, André Bolduc, signale que bien que le nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs pour le trimestre se maintient en dessous des niveaux pré-pandémie, la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation pourrait commencer à tirer ce chiffre vers le haut à une cadence accélérée.

« L’augmentation du coût de la vie dans la foulée de la pandémie a créé de sérieuses difficultés financières pour bon nombre de Canadiens, alors que les retombées deviendront évidentes dans les semaines et les mois à venir », affirme M. Bolduc, qui a noté une augmentation marquée du nombre de personnes ayant ont demandé de l’aide pour leurs dettes en mars.  

S’il est vrai que, sur une base trimestrielle, la hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs enregistrée au premier trimestre a été faible, ce nombre a bondi de 24,4 % de février à mars, soit le taux d’accroissement mensuel le plus élevé en 13 ans. Cette flambée pourrait être un signe avant-coureur du fait que certains consommateurs cèdent sous la pression.

« Les personnes qui ont contracté un prêt à taux variable verront les frais associés augmenter. Pour les ménages déjà en situation précaire, même une hausse de 1 % des taux d’intérêt peut les rendre incapables de payer les frais de service de leur dette. Les personnes qui éprouvent des difficultés financières liées à l’endettement devraient demander l’avis d’un professionnel le plus tôt possible », conseille M. Bolduc.

Les syndics autorisés en insolvabilité devraient être le premier point de contact des Canadiens qui ont de graves difficultés financières et ont du mal à rembourser leurs dettes. Ce sont les seuls professionnels de la dette réglementés par l’État fédéral qui sont tenus par la loi et la déontologie de fournir des conseils précis et impartiaux. Comme ils sont en mesure d’offrir une protection juridique contre les actions des créanciers et de mettre fin aux appels de recouvrement et aux saisies de salaire, ils sont les professionnels les mieux placés pour donner aux personnes insolvables des conseils sur les options d’allègement de la dette comme les propositions de consommateur et la faillite.

La majorité des syndics autorisés en insolvabilité au Canada proposent des consultations gratuites. Les personnes aux prises avec des problèmes d’endettement peuvent recevoir des conseils sans aucun engagement de leur part. Pour trouver un syndic autorisé en insolvabilité réglementé par le gouvernement, veuillez consulter le site : cairp.ca/trouver-un-pair-cirp.html